Oltre la Cena un’ULTIMA SCENA

Un’Ultima Cena de MCMadau Table Max Bottino MCMAdau Toile de fond Max Bottino

Paris – Dates à definir  Oltre la Cena un’ULTIMA SCENA

Textes critiques, Luciano Crespi, Chiara Gatti, Pietro Marani.

Projet T.ART Milano avec 21 Project Room Paris, en collaboration avec l’Institut français Milano, La Fondazione Stelline Milano, il Politecnico Design Milano, Ghigos Ideas Milano.

Le regard et la scène, le corps et la parole, l’objet et le temps, l’œuvre et le spectateur : représentation, rite ou métaphore ?

OLTRE la CENA – Un’ULTIMA SCENA est un parcours expositif et de performances qui réinterprète la Cène en regardant « outre » cette scène tant de fois représentées, une s-cène décomposée que le spectateur remet en place dans son propre imaginaire dans un espace-temps d’un portrait commun.

Photos credits Pino Montisci

Projet de/ Maria Cristina Madau

Artistes visuels : Sara Badr Schmidt, Jean-Marie Barotte, Max Bottino, Ugo La Pietra, Maria Cristina Madau . Vidéos-portraits avec : Barbara Formis, Pietro Marani.

<<J’ai toujours beaucoup d’admiration pour le courage de ceux qui sortent de l’ordinaire, qui ont un regard nouveau, différent… dans leur expression artistique. Une entreprise bien que risquée dans ce monde d’aujourd’hui… C’est en croisant les regards et en travaillant hors frontières que les différentes cultures se renouvellent, c’est en ouvrant les portes à l’extraordinaire que nous pouvons être témoins de l’émergence de nouveaux talents qui font vivre ce vaste dialogue culturel européen et mondial dans l’art. Que deviendraient nos vies sans! L’art fait partie de notre quotidien bien que très souvent, il est difficile de s’en rendre compte … L’Institut français de Milan est heureux de pouvoir accueillir l’exposition «Oltre la CENA,  un’ ULTIMA SCENA», un bel exemple d’une création hors norme, très inspirée et inspirante, de grande qualité. >> Olga Poivre d’Arvor, Directrice de l’Institut français Milano

Vidéos performance Un’ULTIMA SCENA / mise en scène de Maria Cristina Madau, musiques di Christophe Eveillard-Dalban, costumes de GioMilis. Production et post-production vidéo, Domenico Palma.

Performeurs: Armando Benetti, Max Bottino, Marinella Crespi, Rufin Doh Zeyenouin, Livio Ghisio, Gianluca Mischiatti, Alfie Nze, Marco Panno, Antonio Porretti,

« Alors que dans la Cène, le cœur de la composition bat au rythme des objets, du pain, des citrons et des poissons bouillis, dans ce dernier des derniers repas, l’accent tombe, comme le dit Emmanuel Carrère, sur le dialogue entre le corps et le verbe. Le sel pleut sur le sol, la main le disperse tandis qu’un cri l’accompagne. La douleur devient une danse. Une énergie ancestrale flotte entre terre et ciel, entre la sensibilité du toucher de la matière, de liquides en mouvement, de reflets fugaces, de coupes imaginaires ; toutes, icones d’une nourriture absolue. Le sort de l’humanité est rassemblé en un seul geste qui emporte le public à l’intérieur du cadre, à l’intérieur du tableau, pour qu’il soit à son tour témoin de l’annonciation : accusé de trahison ou acquitté par amour. Fin du premier acte.

Le deuxième acte, dans la veine de l’art contemporain – qui, outre le fait de raconter, commente ou provoque – met en scène un banquet de puissants. Le diner des Grands. La règle de tout le récit est ainsi soudainement renversée. Il vient à l’esprit le dernier repas malodorant, pourri et décomposé créé par Andres Serrano qui vise à nous faire réfléchir sur le gâchis et nos besoins vitaux. Ici, la décomposition s’accorde avec une respectabilité affectée. Les manteaux colorés des apôtres se transforment en vestes d’hommes d’affaires. La narration procède en sens contraire de la dimension profonde que revêt le banquet sacré. Le spectateur est alors désorienté par ce changement de registre mais le message lui, est clair : la vraie nourriture est celle de l’esprit et de sa mémoire et non celle de l’apparence et de la récompense.

Le nouveau tableau est un jeu de miroirs tragique qui nous met face aux vices du capitalisme. Le corps dans ce cas est alors entièrement politique. Les mots sont vides comme la chaîne de gestes désordonnés ou le rythme couvert par le brouhaha d’une conversation polyglotte. Nonsense. « Délicieux » dit l’un. « Je préfère les diamants » réplique un autre alors qu’un troisième danse en chantonnant Chiquita Madame de Joséphine Baker. C’est bien désormais dans des directions opposées que voyagent la chair et l’esprit. La peau est devenue imperméable. La parole de Dieu ne touche plus le cœur, elle reste pris au piège des cols amidonnés et des nœuds de cravate. Le rite religieux perd la magie ancienne de ses origines,  sacrifié à un rituel inconsistant en vogue.

Hélas, la fin de l’histoire elle, ne change pas. Quel que soit la manière dont vous vouliez la raconter, elle retourne toujours à la mort envers laquelle toute imagination est exclue.  Les détails sont réduits à l’os: d’un côté, le coq chante, tel le présage de la trahison de Pierre. Une voix stridente, glaçant le sang, s’élève dans le silence. D’un autre côté, les cravates deviennent des nœuds pendus aux cous des convives ambitieux. Personne n’est prêt à se mettre à genoux pour laver les pieds du serviteur.

Les objets sont les seuls témoins d’un drame annoncé. Des chaises, des bols, des épices recommencent à voguer, solitaires, dans la chambre vide qui résonne. A terre, les restes de cette bouffe. Le repas est terminé. » Chiara Gatti