JEAN-MARIE BAROTTE
A quelques mois du décès de l’artiste italo-français l’Archive Jean-Marie Barotte voit le jour
Communiqué du comité scientifique
Maria Cristina Madau
Chiara Gatti
Michele Pili
Federico Crimi
L’artiste italo-français Jean-Marie Barotte est décédé sur les rives du lac Majeur.
Né à Milan en 1957, il termine l’école d’art dramatique Paolo Grassi avant de s’engager dans le monde du théâtre, vivant l’expérience d’acteur auprès du grand réalisateur et peintre Tadeusz Kantor.
Son parcours artistique témoigne de la violence nécessaire pour exprimer le concept du sublime.
Les liens avec l’œuvre littéraire d’Edmond Jabes, l’œuvre poétique de Paul Celan, le parcours spirituel de Jean de la Croix et l’œuvre philosophique de Jacques Derrida accompagnent et inspirent l’artiste au gré d’une narration constante entremêlant philosophie et peinture.
En 2014, Jean-Marie Barotte est mis à l’honneur lors de l’exposition personnelle « NeroCenere » sous la direction de Chiara Gatti, organisée à la Fondazione Stelline en collaboration avec l’Institut français de Milan.
Tout au long de sa recherche intarissable sur les moyens et le langage même de la peinture, Jean-Marie Barotte a utilisé le noir fumée, déposant – dans un rituel alchimique – la cendre, « ce qu’il reste du feu » (Feu la cendre –
J. Derrida). Il se servait de l’écriture poétique et philosophique comme d’un détonateur pictural, confiant à l’image ce que le feu laissait.
Ses œuvres témoignent d’une réflexion profonde, formelle et conceptuelle, mûrie du même pas que son chemin spirituel ; ce chemin qui, dans « La nuit obscure » de Saint Jean de la Croix, nous mène de l’obscurité à la lumière.
Dans ses œuvres, les noirs veloutés dépeignent la lumière qui affleure telle une lueur lointaine traçant un chemin,
et révèlent une autre voie que l’obscurité, donnant forme à ce dialogue éternel entre l’existence et la finitude.
Cet artiste, réservé et exigeant, nous laisse un grand héritage : il est sorti de scène, sur la pointe des pieds, en accomplissant la dernière œuvre de sa vie ; il a accueilli la mort et, comme dans un geste formel, a peint cet instant ultime de sa propre lumière.
Afin de conserver et promouvoir l’œuvre de Jean-Marie Barotte, une archive voit le jour sur la rive lombarde du lac Majeur, dédiée à préserver le travail de l’artiste à travers un catalogage général. L’Archive, ouverte aux chercheurs, organisera au fil du temps des initiatives en mémoire de l’auteur, des expositions et événements d’approfondissement, ainsi que la publication d’un volume recueillant l’ensemble de sa production.
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EN ATTENDANT
https://youtu.be/zI1e4H0h2jE < VIDEO
Une DERNIÈRE S-CÈNE
Gallerie de l’Institut français Milano EXPO 2015
Installation-performance de Maria Cristina Madau
Avec Armando Benetti, Max Bottino, Marinella Crespi, Enzo Di Paola, Rufin Doh Zeyenouin, Livio Ghisio, Gianluca Mischiatti, Alfie Nze, Marco Panno, Antonio Porretti.
Musique Christophe Eveillard-Dalban
Matrice de Max Bottino, œuvre de s-céne,
Table de Max Bottino et Maria Cristina Madau
Costumes GioMiles.
Crédits photo Pino Montisci
La Céne est terminé
texte critique de Chiara Gatti
« Alors que dans la Cène, le cœur de la composition bat au rythme des objets, du pain, des citrons et des poissons bouillis, dans ce dernier des derniers repas, l’accent tombe, comme le dit Emmanuel Carrère, sur le dialogue entre le corps et le verbe. Le sel pleut sur le sol, la main le disperse tandis qu’un cri l’accompagne. La douleur devient une danse. Une énergie ancestrale flotte entre terre et ciel, entre la sensibilité du toucher de la matière, de liquides en mouvement, de reflets fugaces, de coupes imaginaires ; toutes, icones d’une nourriture absolue. Le sort de l’humanité est rassemblé en un seul geste qui emporte le public à l’intérieur du cadre, à l’intérieur du tableau, pour qu’il soit à son tour témoin de l’annonciation : accusé de trahison ou acquitté par amour. Fin du premier acte.
Le deuxième acte, dans la veine de l’art contemporain – qui, outre le fait de raconter, commente ou provoque – met en scène un banquet de puissants. Le diner des Grands. La règle de tout le récit est ainsi soudainement renversée. Il vient à l’esprit le dernier repas malodorant, pourri et décomposé créé par Andres Serrano qui vise à nous faire réfléchir sur le gâchis et nos besoins vitaux. Ici, la décomposition s’accorde avec une respectabilité affectée. Les manteaux colorés des apôtres se transforment en vestes d’hommes d’affaires. La narration procède en sens contraire de la dimension profonde que revêt le banquet sacré. Le spectateur est alors désorienté par ce changement de registre mais le message lui, est clair : la vraie nourriture est celle de l’esprit et de sa mémoire et non celle de l’apparence et de la récompense.
Le nouveau tableau est un jeu de miroirs tragique qui nous met face aux vices du capitalisme. Le corps dans ce cas est alors entièrement politique. Les mots sont vides comme la chaîne de gestes désordonnés ou le rythme couvert par le brouhaha d’une conversation polyglotte. Nonsense. « Délicieux » dit l’un. « Je préfère les diamants » réplique un autre alors qu’un troisième danse en chantonnant Chiquita Madame de Joséphine Baker. C’est bien désormais dans des directions opposées que voyagent la chair et l’esprit. La peau est devenue imperméable. La parole de Dieu ne touche plus le cœur, elle reste pris au piège des cols amidonnés et des nœuds de cravate. Le rite religieux perd la magie ancienne de ses origines, sacrifié à un rituel inconsistant en vogue.
Hélas, la fin de l’histoire elle, ne change pas. Quel que soit la manière dont vous vouliez la raconter, elle retourne toujours à la mort envers laquelle toute imagination est exclue. Les détails sont réduits à l’os: d’un côté, le coq chante, tel le présage de la trahison de Pierre. Une voix stridente, glaçant le sang, s’élève dans le silence. D’un autre côté, les cravates deviennent des nœuds pendus aux cous des convives ambitieux. Personne n’est prêt à se mettre à genoux pour laver les pieds du serviteur.
Les objets sont les seuls témoins d’un drame annoncé. Des chaises, des bols, des épices recommencent à voguer, solitaires, dans la chambre vide qui résonne. A terre, les restes de cette bouffe. Le repas est terminé. »
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PROCHAINEMENT LIMEN ? LIMES
La diversité : un mode d’existence
Seuils ou barrières ? Des frontières en perpétuel mouvement révèlent une cosmologie humaine d’identités nuancées et irisées et des modes d’existence en rapport à la diversité et la différence.
Limen Limes est un projet de recherche humaniste, artistique sociétal d’art politique, qui observe et met en lumière les lignes de frontière conceptuelles, idéologiques, symboliques et physiques qui interpellent la diversité comme modes d’existence dans la société.
La recherche analyse principalement les modalités d’existence borderline et peut également viser un public plus large de la société.
L’individu borderline aboutit à l’extrémité de quelque chose, d’une expérience, d’un acte, de la vie elle-même. Une extrémité sans aucune traversée possible, aucun pont, aucun dialogue, aucun rivage en face, mais seulement un précipice s’ouvrant à ses pieds.
À travers la métaphore d’une cosmologie, le projet se veut une représentation des relations humaines, où les planètes et l’univers matérialisent respectivement l’individu et l’humanité, et où les dynamiques d’interaction entre les individus (des ponts ou des murs) dessinent le rapport de chaque individu avec ses propres frontières et celles des autres.
La recherche fait jaillir et documente les lignes de frontière qui révèlent des mondes/planètes aux identités nuancées et irisées, par le biais d’une approche expérientielle.
Ces frontières sont mobiles, en mouvement continu et créent les espaces entres les planètes de l’existence. Dans les espaces vides, la distance vitale nous permet d’interagir et de trouver un équilibre harmonique entre chaque individu, tout comme dans l’univers, l’espace entre deux planètes permet d’éviter toute collision entre elles.
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Jean-Marie Barotte – Lo que queda del fuego
25 juillet 2017 – 11 août 2017
CLUB DIARIO DE IBIZA
Carrer des Melians
07800 Puig d’en Valls, Illes Balears – Espagne
Jean-Marie Barotte, né à Milan en 1954. Après une longue expérience dans le théâtre comme acteur dans le groupe ‘Cricot 2’ du réalisateur et peintre Tadeusz Kantor, prend la décision de se dédier à la peinture en tant que sa nouvelle forme d’expression. Partant d’œuvres littéraires poétiques et philosophiques sur la peinture prenant la forme d’une méditation. Expositions récentes : Personnelle NEROCENERE, Fondazione Stelline Milano 2014 – E QUINDI USCIMMO A RIVEDER LE STELLE, Nuova Galleria Morone Milano 2014 – OLTRE la CENA Un ULTIMA SCENA Galerie de l’Institut français Milano, septembre 2015 – Expo 2015 – Milano – T.ART, Institut Français Milano, Fondazione Stelline. Exposition LIMEN 21ProjectRoomParis 2017.
« L’œuvre de l’artiste italo-français a longtemps été considérée par la critique comme une recherche sur la valeur sémantique du noir. Un saut d’inspiration existentielle dans l’obscurité, la recherche désespérée d’une lueur d’espoir dans la nuit sombre de la rédemption. Aujourd’hui, Jean-Marie Barotte enchante et surprend par son virage inattendu dans les territoires de la couleur, où la lumière fait irruption dans ses icônes, sur les pages de missels laïcs côtes à côtes dans l’espace, véritables planches de la mémoire où sont gravées les traces d’un passé archaïque, fossiles d’une vie primordiale. La couleur agit comme un éclair, une fissure dans la terre asséchée, une blessure de lave et de magma dans la matière cendreuse déposée au fil du temps.
Après la série d’importantes expositions personnelles organisées entre Milan et Ibiza, Jean-Marie Barotte revient à Paris avec une sélection de travaux récents témoignant de cette nouvelle phase de réflexion. Une réflexion sur le langage même de la peinture, retenue en équilibre sur la frontière subtile séparant l’ombre d’une source lumineuse capable de filtrer à travers le seuil du visible.
Le fameux adage « per visibilia ad invisibilia » évoque notre méthode de connaissance de l’au-delà, qui permet d’entrevoir l’invisible par le biais d’images reconnaissables. Il nous suffit de penser à la perspective ouverte dans le monde de l’art par le sens même de l’icône, emblème métaphysique des images et de la lumière qui a confié aux nuances d’or un message subliminal de communication avec les sources de la création.
Accompagnés par les vers des auteurs qui ont influencé la pensée de Jean-Marie Barotte, conférant à Sto arrivando! recherche une dimension souvent littéraire, d’Edmond Jabes à Jacques Derrida, nous pouvons traverser la frontière sensible de l’iconostase, « la frontière entre le monde visible et le monde invisible », au gré d’une peinture qui transcende la réalité, l’obscurité du contingent, pour évoluer dans une sphère de lueurs gorgée d’une force et d’une dimension absolues. »
Chiara Gatti
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24 mai 2017 – 14 juin 2017
LIMEN work in progress
« Les hommes en exil se repaissent de rêves d’espoir », affirmait Eschyle.
À une époque marquée par les migrations, les nouveaux exils et les peuples errants d’un bout du monde à l’autre, le grand thème de la frontière (d’origine romantique…) semble soumis aux logiques fluctuantes de la géographie politique.
Face au destin de nomades, de réfugiés, d’apatrides, les artistes contemporains s’interrogent sur la définition instable de chaque ligne de frontière, sur la valeur du « mur » synonyme d’obstacle, sur le sens profond du passage comme libération. Sondant le ventre mou d’une terre aux cartes fragiles, l’art redécouvre son rôle social ; le sens civique de la recherche esthétique reprend son enquête sur des épisodes d’une actualité brûlante.
La « limite » devient alors la grande allégorie d’une fracture dans le temps et dans l’espace, qui sépare, qui érode, tout en dévoilant le cœur, le noyau, le passage, le corridor, la marge entre le visible et l’invisible.
Chiara Gatti
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8 décembre 2016
Inauguration du nouvel espace de création artistique
21 Project Room Paris
Artistes visuels : Sara Badr Schmidt, Gaultier Barra, Jean-Marie Barotte, Max Bottino, Maria Cristina Madau
Performer Antonio Maria Porretti
Vidéos-portraits avec Barbara Formis
Musiques di Christophe Eveillard-Dalban
Avec la participation des écrivains Kebir Ammi, Philippe Honoré
21 Project Room Paris est un espace de conception, un laboratoire d’idées et de créations qui, au fil d’une programmation polymorphe, souhaite mettre en avant l’art et la création contemporaine, activer des productions internationales et favoriser les échanges interculturels et interdisciplinaires, où l’identité et la différence se rencontrent grâce à l’intégration de différentes approches artistiques, innovatrices, scientifiques et économiques. Dans cette démarche, 21 Project Room Paris vise à la création d’une passerelle entre la sphère de la création artistique, culturelle, intellectuelle, scientifique, technologique et la sphère économique. Le siège parisien est un lieu de rencontres entre les différents partenaires et pour les artistes qui collaborent avec 21 Project Room Paris.
Un aperçu de la soirée d’inauguration du 21 Project Room le 8 décembre 2016.
Les artistes et les partenaires : Kebir Ammi, Sara Badr-Schimdt, Gaultier Barra, Jean-Marie Barotte, Max Bottino, Christophe Eveillard-Dalban, Barbara Formis, Chiara Gatti, Philippe Honoré, Franck Leteurtre, Maria Cristina Madau, Maria Teresa Maiullari Pontois, David Twist, Michele Pili, Antonio Maria Porretti.
Photos credits : David Twist – 21PRP
Christophe Eveillard-Dalban
ETUDE de Compositions musicales dans un jardin
Concernant les projets de composition pour « LIMEN » et « Fragments de Silence », dans le cadre du « 21 Project room Paris », je présente une bande-son de 30 minutes environ composée d’un mélange d’Ambiances musicales et sonores diverses.Il est question de montrer une évolution dans la structure de ces 30 minutes en présentant des matières qui existent déjà, par exemple l’extrait musical composé pour la performance « ULTIMA CENA », présentée à L’Exposition Universelle de Milan en septembre 2015, et des matières musicales et sonores qui sont encore à l’état d’Etude.La bande-son présentée lors de la soirée du 8 décembre 2016 pour la présentation de « 21 Project room Paris”, est structurée comme la mise en place d’un concert.Le ou les musiciens accordent leurs instruments et progressivement les matières prennent une orientation qui s’ouvre vers des paysages sonores connus ou pas. Le champ d’action est l’imagination et également un peu d’organisation… Christophe EVEILLARD-DALBAN